Dirigé par l’excellent Tung-Chieh Chuang à la tête des Bochumer Symphoniker, le pianiste allemand Herbert Schuch s’immerge avec une autorité souveraine dans les deux Concertos pour piano de Brahms (composé en 1854-1858 pour le premier, et en 1878-1881 pour le deuxième). Des magnifiques interprétations d’où se dégagent une fébrilité heureuse, et une palette de couleurs incroyablement riche.
Du piano romantique, Herbert Schuch sonda en premier lieu, au disque, le chant pudique de Schubert et la fantaisie plus foisonnante de Schumann. Puis se mit à interroger l’immensité cérébrale d’un Beethoven en sa pleine maturité. Des mondes si divers ! Pourtant, le musicien affirmait en toute circonstance un sens admirable de la narration, que le soin méticuleux apporté à l’articulation, aux attaques et plus encore aux registrations – reflet de sa lecture affutée des textes – transformait en pure poésie. Aujourd’hui, le musicien allemand d’origine roumaine s’immerge avec une autorité souveraine dans le Graal du piano romantique concertant. Réunis ensemble, les deux Concertos de Johannes Brahms (1833-1897) forment un cosmos à part entière, conjuguant à un temps inédit les univers presque contraires de Beethoven et Schumann. Achevé en 1858, le Premier Concerto en ré mineur reprend absolument le modèle fixé par Beethoven avec son « Empereur ». En plongeant ses contemporains dans un orchestre de ténèbres (Maestoso initial), à la manière de Schumann dans son Concerto pour violon (1853), Brahms donna un nouvel élan à une forme que d’aucuns pensaient obsolète. Commencé en 1878, et terminé en 1881, le Second invente un autre paradigme – une symphonie où le piano est pleinement dans l’orchestre avant même de dialoguer avec lui. Dans cet Opus 83 énorme et magistral – quatre mouvements dont la durée d’exécution avoisine les cinquante minutes – Brahms émaille les échanges entre soliste et orchestre de mille subtilités, paysageant des scènes champêtres d’une inaltérable beauté. En septembre 2022 et juin 2023, Herbert Schuch retrouvait, dans le cadre de la saison musicale des Bochumer Symphoniker, le jeune et excellent chef taïwanais Tung-Chieh Chuang, qui, avec élégance, guide sa phalange dans les élans impétueux du premier opus comme dans la mélancolie bucolique du second. La scène, le moment du concert, favorisent ici l’émergence d’une excitation, et d’un bonheur fébrile improbables en studio ; Herbert Schuch et Tung-Chieh Chuang réussissent leur pari. La grandeur du génie brahmsien se dévoilera dans une palette de couleurs incroyablement riches et fugitives, l’auditeur se glissant alors sans ambages dans les songes dorés d’une nuit d’automne. Disc 1 |
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